mercredi 13 mars 2013

Le cri d'alarme des ONG pour les enfants syriens

Des enfants syriens jouent dans un camp de réfugiés à Sidon, dans le sud du Liban, le 6 mars.

Les enfants syriens sont peut-être les plus grandes victimes du conflit qui déchire leur pays. L'Unicef a averti mardi que, faute de soutien financier de la communauté internationale pour leur venir en aide, plus de 2 millions d'enfants syriens sont en passe de devenir une "génération perdue". Le traumatisme psychologique s'ajoute à la violence physique, indique pour sa part l'organisation Save the Children, installée à Londres, dans un rapport (.pdf) publié mercredi.

PROBLÈMES DE FINANCEMENT
Si la situation ne s'améliore pas, a averti l'Unicef dans un rapport publié à Genève, à l'occasion du deuxième anniversaire du début des violences en Syrie, l'organisation sera obligée d'interrompre d'ici à la fin mars des "opérations visant à sauver des vies en Syrie". L’Unicef serait en effet "incapable de répondre aux besoins de base des enfants, tels que l'accès sanitaire, les campagnes de vaccinations contre la polio et la rougeole, les interventions sur les nouveau-nés, et l'aide médicale d'urgence".
A ce jour, seuls 20 % de l'appel de fonds de 195 millions de dollars, lancé par l'Unicef, sont financés par la communauté internationale. Cet appel de fonds est destiné à couvrir jusqu'à fin juin les besoins humanitaires des femmes et des enfants affectés par la crise en Syrie, en Jordanie, au Liban, en Turquie, en Irak et en Égypte. En Syrie, plus de 2 millions d'enfants sont touchés par la crise. Une école sur cinq a été détruite.
Selon Save the Children, 2 millions de mineurs syriens souffrent de malnutrition, de maladies, de traumatismes et sont exposés aux brutalités et aux mariages forcés, victimes innocentes d'une guerre qui a déjà fait plus de 70 000 morts. "C'est une guerre dont les femmes et les enfants sont les plus grandes victimes", a déclaré le directeur de Save the Children, Justin Forsyth, à l'occasion d'une visite au Liban, où 340 000 Syriens ont trouvé refuge.
ENFANTS RECRUTÉS PAR LES BÉLLIGÉRANTS
Les enfants sont de plus en plus utilisés sur la ligne de front, les deux parties en conflit n'hésitant pas à s'en servir comme soldats ou même boucliers humains, dénonce l'ONG. Les deux parties du conflit ont tendance à les recruter "comme messagers, gardes, informateurs ou combattants", précise-t-elle. "Pour beaucoup d'enfants et leur famille, c'est vu comme une source de fierté. Mais des enfants sont recrutés de force dans des opérations militaires, et certains âgés de seulement 8 ans ont été utilisés comme boucliers humains", ajoute l'ONG.
Le rapport de Save the Children cite une étude de l'université Bahcesehir, en Turquie, réalisée auprès des réfugiés syriens, selon laquelle un enfant sur trois dit avoir reçu des coups ou avoir été la cible de tirs. Deux tiers des enfants interrogés disent avoir été séparés de membres de leur famille en raison du conflit et un tiers ont été confrontés à la mort d'au moins un de leurs proches. "Tous ces enfants vous racontent cela sans émotion apparente, puis vous réalisez qu'il y a des couches et des couches de traumatisme émotionnel", précise Justin Forsyth. 
Les soldats gouvernementaux comme les rebelles ont été accusés de prendre pour cible les civils et de commettre des crimes de guerre. Selon certains réfugiés, les forces du président Bachar Al-Assad visent délibérément les enfants. Le viol est devenu un instrument de punition collective, poursuit Justin Forsyth, déplorant que ces violences soient souvent passées sous silence, en particulier dans un pays conservateur comme la Syrie : "Dans la plupart des conflits, plus de 50 % des victimes de viols sont des enfants. Je suis certain que c'est aussi le cas dans ce conflit." La peur des violences sexuelles est l'une des raisons les plus souvent invoquées par les réfugiés pour expliquer leur fuite, selon le rapport. Autre conséquence de ces abus, les mariages arrangés de jeunes filles, parfois dès l'âge de 14 ans.
Des réfugiés syriens au Liban ont expliqué à Justin Forsyth avoir décidé pour cette raison de marier leur fille de 16 ans à un homme âgé : "La mère m'a dit que sa fille était jolie et qu'à chaque fois que des soldats [syriens] entraient dans sa maison, elle avait peur qu'ils la violent", a relaté le directeur de Save the Children.


Le Monde.fr avec AFP et Reuters

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