LE
MONDE | 23.05.2013 à 12h27
Dans
l'histoire de "la République islamique d'Iran", le 21 mai
2013 restera comme une date importante : ce jour-là, elle est
devenue un régime dictatorial comme les autres – monolithique. Un
seul clan veut détenir tout le pouvoir.
Une
des multiples institutions chargée de préparer l'élection
présidentielle du 14 juin, le Conseil des gardiens de la
Constitution, devait sélectionner une dizaine de candidats sur
quelque 600 postulants. Il a rendu son verdict mardi. Il a éliminé
les deux seuls candidats qui pouvaient contester la ligne du Guide de
la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei. Sauf surprise de dernière
minute – toujours possible en Iran –, l'élection est verrouillée
: ne restent en lice que des personnages connus pour leur soumission
totale au Guide.
Le
conseil a rayé la candidature d'un des pères de la révolution de
1979 – qui renversa le régime du chah –, l'ancien président
Hachémi Rafsandjani. Richissime, disposant de réseaux dans tout le
pays, Rafsandjani est la quintessence de l'homme du sérail. Il a été
proche du Guide, il a cautionné une campagne d'assassinats
d'intellectuels démocrates, mais il s'est aussi posé, ces dernières
années, en opposant de l'intérieur.
Les
"réformateurs", tout ce que l'Iran compte de classes
urbaines modernes, éduquées, une partie des militants du "mouvement
vert" écrasé dans le sang lors de la précédente élection
présidentielle, en 2009, ceux-là s'étaient rangés derrière la
candidature de Rafsandjani.
L'autre
prétendant qui défiait la ligne du Guide, Esfandiar Rahim Mashaie,
est le bras droit du président Mahmoud Ahmadinejad. Après deux
mandats, ce dernier ne peut se représenter. En conflit de plus en
plus ouvert avec M. Khamenei, qui parraina pourtant sa carrière
politique, le président sortant a défendu avec acharnement la
candidature de M. Mashaie – lui aussi éliminé mardi.
L'Iran
est aux mains d'un homme, Khamenei, et de son clan, un groupe formé
d'une minorité de dignitaires religieux et des chefs des Gardiens de
la révolution, le bras armé du régime. Pour la première fois
depuis 1979, une seule faction veut disposer de tous les leviers de
pouvoir. Sa ligne est celle du Guide.
Khamenei
devient comptable de la situation économique et stratégique de
l'Iran. Tout ce qui va mal doit lui être imputé, dans un pays qu'il
transforme en dictature personnelle.
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